L’angoisse

L’angoisse : Comprendre ce que signifie vraiment « angoisser » pour une personne autiste

l-angoisseOn me demande souvent si je stresse quand je fais un exposé en anglais. Cette question m’intrigue profondément. Non. Pourquoi devrais-je stresser ? C’est un sujet que je maîtrise : l’autisme. J’ai préparé ma présentation, et surtout, j’ai choisi de la faire. Personne ne m’a forcée. Alors pourquoi serais-je angoissée ? 😉

C’est un peu comme quand je chante en concert. Là non plus, je n’angoisse pas particulièrement. J’ai répété, je connais mes chansons, et je suis relativement à l’aise sur scène. Ce sont des situations où je me sens en contrôle. Mais pour d’autres choses, c’est une toute autre histoire.

Ce qui me provoque réellement l’angoisse

Ce qui m’angoisse, ce n’est pas de partager une passion. Ce sont plutôt les interactions du quotidien.

Liste non exhaustive du style de mes angoisses

  • anxieuxParler à des gens : que ce soit pour une discussion banale ou une demande d’information, j’ai peur de ne pas dire ce qu’il faut, de mal m’exprimer ou d’être mal interprétée, surtout par des neurotypiques qui se croient toujours agressés, d’après ce que je perçois.
  • Faire mes courses : trouver et choisir un produit, supporter les stimulations sensorielles (lumières, bruits, foule) : tout cela est insupportable.
  • Prendre la voiture : les imprévus sur la route, les choix à faire rapidement, la concentration, les règles à respecter sous pression, les conducteurs qui ne respectent rien, me mettent dans un état de stress intense.
  • Téléphoner : un enfer total. Je vous invite à écouter mon podcast sur la téléphonophobie, ou phobie du téléphone, plus en détail. J’en parle aussi sur Instagram.
  • Demander de l’aide : cette simple démarche peut être une montagne pour moi. J’ai peur de déranger, d’être mal reçue ou jugée. Ces situations, pour d’autres, pourraient sembler anodines, mais pour moi, elles sont une source d’angoisse permanente.

L’angoisse autistique : des peurs souvent incomprises

Les autistes ont une manière différente de percevoir le monde. Nous analysons les situations en profondeur, ce qui peut créer des angoisses là où d’autres n’en voient pas. Paradoxalement, lorsqu’il s’agit d’une activité bien préparée ou structurée, nous pouvons être étonnamment à l’aise.

C’est l’une des grandes incompréhensions entre neurotypiques et autistes. Pourquoi m’angoisserais-je pour une tâche que j’ai choisie, que je connais et que j’ai préparée ? Ce qui me stresse, ce sont les imprévus, les jugements implicites et les interactions non cadrées.

Pourquoi cette différence ?

L’angoisse autistique est souvent liée à :

  • L’imprévisibilité : nous avons besoin de savoir ce qui va se passer, dans quel ordre, et avec quels résultats possibles. Sans cette clarté, tout devient source de stress.
  • La peur du jugement : beaucoup d’entre nous avons appris, parfois durement, que notre manière de penser ou d’agir peut être mal perçue.
  • Une hypersensibilité sensorielle : des environnements que d’autres trouvent normaux peuvent être chaotiques et épuisants pour nous.

En revanche, quand nous avons un contrôle total sur une situation (comme un exposé préparé ou un concert), notre esprit est en paix.

Comprendre et respecter nos différences

Ce qui vous angoisse peut ne pas nous affecter, et inversement.

Si vous avez un proche autiste, respectez sa manière de gérer l’angoisse. Ce n’est pas parce que nos peurs vous semblent irrationnelles qu’elles le sont pour nous. Pour le coup, c’est nous qui ne comprenons pas votre angoisse de chanter ou parler d’un sujet que vous connaissez !

Add a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.