Asperger

Étant tombée sur une vidéo de La chaîne santé expliquant très bien ce qu’on appelle communément le syndrome d’Asperger, j’ai souhaité la partager avec vous.

Suite à des entretiens avec une psychiatre qui m’a confirmé mon autisme, j’ai bien évidemment voulu en apprendre plus sur le sujet. La vidéo ci-dessous explique très bien les problèmes que nous vivons quotidiennement. J’ai l’espoir que les gens « normaux » informés de notre pathologie et de notre fonctionnement seront moins dans le jugement… C’est pourquoi je souhaite la partager avec le plus grand nombre. Oui. Je sais. Je rêve trop !

Vidéo : Je Suis Asperger. Parfois c’est Génial. Parfois c’est Horrible.

C’est quoi, le syndrome d’Asperger ?

En gros, c’est une multitude de particularités neurologiques dans 3 domaines :

  • Les interactions sociales ;
  • la communication ;
  • les comportements et intérêts stéréotypés.

En général, cela englobe :

  • Une hypersensibilité hors normes ;
  • une hypersensorialité hors normes ;
  • un haut potentiel intellectuel (HPI) ;
  • des difficultés dans les interactions sociales ;
  • des centres d’intérêts limités et stéréotypés.

Toutes ces particularités mélangées et simultanées font que les Aspies (autistes Asperger) sont relativement inadaptés à l’ensemble des structures sociales et sociétales qui sont créées pour 90 % de la population. Ces 90 % entrent donc plus facilement dans les cases de la normalité.

En ce qui concerne les chiffres, on a 60 personnes sur 10 000 concernées par un trouble autistique, et 2,5 personnes sur 10 000 sont Asperger. Depuis quelques années, on ne parle d’ailleurs plus de syndrome d’Asperger, mais simplement de TSA ou Trouble du spectre autistique depuis la publication du DSM-5 en 2013.




Par ailleurs, contrairement à des idées reçues, même de la part de certains psychologues, l’autisme peut être accompagné d’autres conditions développementales telles que le déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Qu’est-ce que la normalité ?

Courbe de Gauss

On me dit souvent que personne n’est normal, mais c’est quoi, être normal ?

Selon les scientifiques, on mesure la normalité par le biais de la courbe de Gauss, également appelée courbe en cloche ou loi normale

Si l’on prend une variable dans la population, comme la taille ou le quotient intellectuel, et que l’on choisit 100 personnes dans la rue, cela nous donne une répartition de la normalité comme celle ci-contre.

En mesurant 100 femmes, on aura une répartition de la normalité. Évidemment, le résultat ne sera pas tout à fait le même selon si l’on mesure des Françaises ou des Vietnamiennes, par exemple, car la normalité dépend du contexte. Les Vietnamiennes étant plus petites, nous obtiendrons la même courbe que pour les Françaises, mais elle sera simplement décalée vers la droite.

D’un point de vue scientifique, c’est la seule façon de définir la « normalité » qui existe bel et bien !




Le système de notre monde est construit et programmé pour répondre à la logique, aux mécanismes neurologiques, psychologiques et cognitifs des 90 ou 95 % de cette norme. Un Aspie se situe soit complètement à droite, soit complètement à gauche de la courbe, selon les domaines. Il est donc anormal, inadapté à la société et aux codes de cette société. C’est comme si on essayait de faire entrer un carré dans un rond.

Caractéristiques principales

L’hypersensorialité

C’est l’exacerbation des 5 sens : chaque sens est amplifié en permanence.

Personnellement, je pensais bêtement que tout le monde avait les mêmes problèmes que moi. J’ai quelques exemples en tête. Je ne supporte absolument pas l’odeur des véhicules devant nous, et aux feux rouges, je dois arrêter la climatisation pour m’en libérer. Étonnamment, lorsque je suis en voiture avec des amis, cela ne les gêne pas plus que cela.

De même, les changements de température me sont absolument insupportables alors que cela ne semble pas perturber mes proches non plus. Il en est de même pour certains sons qui sont très gênants pour moi, mais pas pour les autres.

L’hypersensibilité

C’est la même chose. Tout est également amplifié au niveau des émotions.

Chez les Aspies, certaines sensations et émotions sont exacerbées tandis que d’autres sont quasiment absentes. Cela crée une distanciation sociale, car les interactions sociales fonctionnent sur un modèle d’interprétation des émotions. Les personnes normales, dites neurotypiques, sont branchées sur la même fréquence puisqu’elles ont la même structure cérébrale et les mêmes codes sociaux.

Un Aspie ne perçoit pas les mêmes informations et il ne les traite pas de la même façon. Non seulement il ne maîtrise pas les codes, mais souvent, il ne les comprend même pas.

Les autistes doivent apprendre des procédures sociales pour pouvoir s’adapter au mieux. Pour survivre, il faut s’adapter en permanence, ce qui est épuisant, tout autant que subir l’hypersensorialité et l’hypersensibilité. C’est un effort de chaque instant.

Un autiste Asperger a besoin de suivre un schéma :

  • Problématique ;
  • recherche de théories ;
  • hypothèses ;
  • vérifications ;
  • apprentissage ;
  • une utilité, de loin le plus important !

Je comprends maintenant pourquoi tout ce qui n’a pas d’utilité à mes yeux ne m’intéresse pas…

La société nous rappelant chaque jour que nous ne sommes pas normaux, la dépression touche 41 % d’Aspies. Être Asperger, c’est naviguer au rythme des contextes et des incompréhensions dans lesquelles on évolue.

Le cerveau d’un Asperger

Cerveau autiste AspergerLa structure cérébrale d’un cerveau Asperger est particulière, d’où un comportement particulier, une communication et une cognition particulières et des rapports socio-émotionnels particuliers.

Les scientifiques ont observé que dans son cerveau, la matière grise est en plus faible quantité dans le cortex temporal, l’amygdale, l’hippocampe, le gyrus occipital gauche, le cervelet droit, le striatum limbique, le thalamus gauche, le putamen et le précuneus, entre autres.

On ne perçoit pas les choses comme les neurotypiques et on ne sait pas interpréter les intonations, les comportements verbaux et non verbaux.

Hyperlucidité et objectivité

Un Asperger réside tellement dans son monde d’objectivité et d’authenticité qu’on peut difficilement le manipuler mentalement.

Prenons l’exemple de la publicité. Je me demandais pourquoi la publicité n’avait aucun impact sur moi. C’est d’ailleurs plutôt le contraire. Elle éveille mon scepticisme.

La publicité utilise les non-dits, les anticipations, le mensonge, la peur, les angoisses sans donner de message direct. En théorie, tous ces mécanismes sont incompatibles avec la logique d’un Asperger qui est structurellement rigide.

Adaptation

Un Asperger doit constamment s’adapter aux codes de la société (qui ne sont pas logiques pour lui !) et à autrui, car personne ne s’adapte à lui. Cette adaptation constante prend énormément d’énergie.




Nous avons besoin de clarté, car nous ne savons pas lire entre les lignes.

Toutes les questions, les échanges sociaux, tout dans la vie est problématique. Chaque mot amène une question. C’est pour cette raison que nous avons besoin de précisions et de clarté lorsqu’on nous pose une question. La simple question de : « Comment ça va ? » soulève un tas de questions. La première étant : « Dois-je dire la vérité ou faire semblant ? » Et puis, c’est trop vaste… De toute façon, les gens ne veulent pas savoir comment va la personne. Ils appliquent juste les codes, la plupart du temps, se moquant de la réponse. Cela mériterait un débat…

Autiste AspergerDes questions qui peuvent paraître simples pour un neurotypique, eh bien, elles méritent d’être claires et précises, car un seul mot apporte de nombreux questionnements.

La pire question à mes yeux est : « À quoi penses-tu ? »
Euh… Comment dire ? Je suis incapable d’y répondre, car j’ai tant de choses à l’esprit, toujours, tant que je suis en période d’éveil, que je ne sais pas à quoi je pense. Les neurotypiques pensent que je ne veux pas répondre, mais non ! Je n’ai absolument pas de réponse !

Cette lourdeur, avec laquelle on vit au quotidien, on doit la supporter sans ennuyer personne avec… et en étant injustement jugé…

Merci pour votre intérêt.

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